Si on regarde du point de vue de l’histoire de la santé publique, les maladies infectieuses ont dominé le 19e siècle. Ensuite, pendant le 20e siècle, les cancers ont été au centre de nos préoccupations. Aujourd’hui, à l’aube du 21e siècle, les autorités de santé publique se penchent de plus en plus sur les maladies chroniques, maladies étroitement associées à un environnement de plus en plus pollué. Elles incluent les hypersensibilités environnementales, mais aussi les maladies cardiovasculaires et pulmonaires, les allergies et les intolérances alimentaires, les difficultés d’apprentissage chez les enfants, les problèmes de fertilité, de même que d’autres maladies émergentes comme la fibromyalgie et le syndrome de la fatigue chronique.
En 2003, lors de l’Enquête nationale sur la santé de la population, menée par Statistique Canada, entre 2 % et 3 % de la population (selon l’âge) ont déclaré avoir obtenu un diagnostic de « polytoxicosensibilité chimique » par un professionnel de la santé. Bien que l’on puisse souffrir d’hypersensibilités environnementales à tout âge, il semble que le nombre de cas augmente avec l’âge et que la condition touche trois fois plus les femmes que les hommes (tableau 2). Tout porte à croire que les proportions sont similaires pour la population québécoise.
% de la pop | % de femmes | % d’hommes | |
Chez les plus de 12 ans | 2,2 | 3,1 | 1,2 |
12 à 24 ans | 0,8 | 1,0 | 0,6 |
25 à 39 ans | 1,6 | 2,0 | 1,1 |
40 à 49 ans | 2,7 | 3,7 | 1,5 |
50 à 59 ans | 3,5 | 5,2 | 1,7 |
60 à 64 ans | 3,6 | 5,8 | 1,4 |
65 à 69 ans | 3,3 | 4,6 | 1,8 |
70 à 79 ans | 3,1 | 4,2 | 1,8 |
80 ans et plus | 1,9 | 2,3 | 1,1 |
Source : Enquête nationale sur la santé de la population, Statistique Canada, 2007. |
Comme il ne s’agit là que des personnes qui ont consulté un « professionnel de la santé » en lien avec leurs symptômes, on peut imaginer que le nombre de personnes affectées par les hypersensibilités environnementales est encore plus grand. Ainsi, différentes enquêtes menées aux États-Unis ont révélé que 11 à 33 % des personnes sondées disaient souffrir d’une sensibilité accrue aux produits chimiques d’usage courant. Quant à l’hypersensibilité aux phénomènes électromagnétiques, on estime qu’elle touche entre 1,5 à 8 % de la population.
Les hypersensibilités environnementales touchent tous les groupes socio-économiques. Toutefois, les personnes faisant partie des groupes socio-économiques les moins favorisés seraient plus susceptibles d’en souffrir. Il faut dire que, de façon générale, les personnes à faible revenu sont plus susceptibles d’être exposées à des contaminants environnementaux et à des facteurs de stress liés à leur situation financière précaire.