Certains individus seront probablement toujours atteints plus que d’autres par la pollution chimique, biologique et électromagnétique. Toutefois, chacune et chacun bénéficieront, à des degrés différents, de la réduction des contaminants environnementaux. La diminution aux expositions environnementales aura ainsi un impact positif sur la santé et la qualité de vie non seulement des personnes atteintes d’hypersensibilités environnementales, mais aussi de celles ayant des problèmes respiratoires ou cardiaques ou qui souffrent de migraines, pour ne nommer que celles-là. La liste est longue, car le nombre de maladies qui sont associées à la contamination environnementale ou qui sont aggravées par celle-ci ne cesse d’augmenter.
Il existe un peu partout dans le monde des initiatives qui visent à diminuer l’exposition aux agents contaminants dans l’environnement. Chez nous, grâce notamment à la mobilisation citoyenne, le Québec a adopté une politique contre l’épandage domestique de pesticides, limitant ainsi l’exposition à des produits nocifs pour toute la population québécoise.
Outre la réglementation gouvernementale, de plus en plus de programmes sont mis en place pour favoriser la gestion responsable des contaminants. Des hôtels « sans fumée » optent pour l’utilisation de produits de nettoyage non parfumés et non toxiques. Des évènements sont organisés en demandant aux participants de ne pas porter de parfum et d’éviter les téléphones cellulaires et les Wi-Fi, et des aliments biologiques et végétariens sont offerts aux participants. Des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux prônent la construction d’édifices sains.
Le nombre important de personnes souffrant d’hypersensibilités environnementales est un indice parmi d’autres que notre façon actuelle de gérer les risques engendrés par la production industrielle de substances chimiques et par le développement de nouvelles technologies doit être revue. Actuellement, l’exposition à un certain niveau – quoique très faible – à une panoplie de substances connues comme étant toxiques (par exemple, le benzène retrouvé dans l’eau de Cologne, les solvants dans les peintures, ou les composés organiques volatils (COV) dans le vinyle) est permise par la loi. L’existence de personnes atteintes d’hypersensibilités environnementales, tout comme l’augmentation fulgurante des maladies chroniques liées à ces expositions, remettent en question cette approche. Elles illustrent le fait que nous ne connaissons pas bien l’impact sur notre organisme des expositions à de faibles niveaux à une multitude de contaminants physiques et chimiques de toutes sortes s’accumulant au fil du temps.
Pour la première fois de l’histoire, tous et toutes sont contaminés et exposés à une multitude de polluants qui n’existaient pas ou peu il y a seulement soixante ans. Les approches traditionnelles d’évaluation toxicologique ne sont pas adaptées à ce type de contamination. Pour faire face à toutes ces incertitudes, nous prônons une approche basée sur le principe de précaution, plutôt que de présumer que notre exposition à des contaminants environnementaux est sécuritaire… jusqu’à preuve du contraire. Et si notre santé ainsi que la santé de nos enfants en dépendaient?
L’Agence de la lutte antiparasitaire de Santé Canada reconnaît les personnes souffrant d’hypersensibilités environnementales comme une population vulnérable. La Commission des droits de la personne du Québec et celle du Canada reconnaissent les hypersensibilités environnementales comme pouvant constituer un « handicap » – méritant un accommodement raisonnable – au sens des lois sur les droits de la personne. Pourtant, beaucoup reste à faire pour que les personnes qui développent des hypersensibilités environnementales puissent recevoir des soins appropriés, continuer à travailler et, autant que possible, conserver leur qualité de vie.
Plusieurs petits gestes individuels tels que demander à l’épicier ou au pharmacien d’offrir sur leurs tablettes des produits sans parfum, sensibiliser les professionnels de la santé ou les employeurs de leur région à l’opportunité d’adopter des politiques de milieux sans parfum, faire des demandes d’accommodement raisonnable… bénéficient à tous. Plus la population en entendra parler, plus les gens vont devenir sensibilisés au phénomène des hypersensibilités environnementales, et plus ils seront ouverts à trouver des mesures d’accommodement pour les personnes qui en souffrent. À une échelle plus grande, des regroupements comme l’Association pour la santé environnementale au Québec (ASEQ) œuvrent à la reconnaissance de cette condition depuis déjà plusieurs années.
Seul, la tâche peut sembler insurmontable. En se regroupant, les personnes souffrant d’hypersensibilités environnementales peuvent changer les choses pour le mieux.